Comment la Haute Couture survit-elle en 2017?
- Tiguidé B
- 31 janv. 2017
- 4 min de lecture
La fashion week haute couture parisienne s'est terminée il y a quelques jours, mais une question nous turlupine. Comment est-ce que la haute couture parvient-elle à rayonner malgré le contexte économique actuel ?

C'est un sujet que beaucoup de journalistes ont abordé, on vous l'accorde. Mais il est vrai qu'avec la situation de crise actuelle, on se demande comment certaines maisons de couture parviennent-elles à investir plusieurs centaines de milliers d'euros dans cette branche d'activité qui, aussi époustouflante soit-elle, n'est que peu lucrative ? Le luxe devenant plus accessible (on connait tous une personne fauchée qui porte tout de même un porte monnaie Vuitton, non ?) soulève une nouvelle problématique. Celle de l'ultra-luxe ou plutôt du "luxe inaccessible". Par cela, on entend bien évidemment les montres à plusieurs (centaines) de milliers d'euros, les Yatchs, les villas au prix imprononçable, les jets et avions privés, les voitures de luxe et... la haute couture. En clair, des produits qui sont inenvisageables d'acquérir pour le commun des mortels.

Tout d'abord qu'est ce que la Haute Couture ?
Une définition claire est nécessaire pour comprendre ce qu'est la haute couture et qui peut prétendre s'en octroyer le prestige. Créée au 19ème siècle, la haute couture était précurseur de toutes les tendances à venir. Aujourd'hui réservé à une élite très restreinte, quelques centaines de clientes dans le monde (dix fois moins qu'il y a vingt ans), ce secteur du luxe est la vitrine du savoir-faire et de la maitrise d'un art parfois oublié : celui de la mode et la couture. La vrai couture. L'excellence d'un atelier français et d'un couturier ultra créatif qui ne laisse rien au hasard. Vendre du rêve, de l'intouchable, du désirable et du prestige. Positionner sa marque comme inégalable pour qu'au final, les clients finaux, NOUS, rêvions de ce que nous ne pourrions pas (pour le moment) se permettre. Et du coup ? On achète les parfums, les lunettes et les cosmétiques pardis ! La haute couture est de nos jours un atout commercial et publicitaire plus qu'un véritable gagne pain.
Bien évidemment, toutes les maisons ne peuvent pas prétendre faire de la haute couture. Pour cela, ces dernières doivent répondre à certains critères :
- Les maisons doivent être inscrites dans le calendrier officiel des collections couture depuis au moins quatre ans et être parrainées par un confrère.
- Les créations doivent être réalisées à la main et dans les ateliers de la maison, composés au minimum de 20 personnes (les ateliers de Dior contiennent plus d'une centaine de couturières)
- Elles doivent participer aux 2 fashion weeks Couture (en janvier pour la collection printemps-été de la saison en cours (2017), en juillet pour la collection automne-hiver de la saison suivante) avec un minimum de 25 passages par défilé.
On distingue trois différents types de membres du club très fermé de la haute couture :
- Les membres permanents qui ont détenu l'appellation protégée de "maison de haute couture". Entre autre : Christian Dior, Chanel, Jean Paul Gauthier, Alexandre Vauthier, Alexis Mabille, Givenchy, Maison Martin Margiela, Giambattista Valli, pour citer les plus connus. Ils doivent cependant renouveler leur demande chaque année au près de la Chambre Syndicale de La haute Couture Parisienne, faisant partie du Ministère de l'Industrie.
- Les membres correspondants, comme Azzedine Alaia, Elie Saab, Valentino, Versace, Viktor& Rolf, Armani Privé, maisons de luxe étrangères ayant droit de défiler à la fashion week parisienne. Car oui, la haute couture se revendique française. Ces membres ne disposent pas de l'appellation « haute couture » mais seulement de l'usage du terme « couture » et ne répondent pas forcément à tous les critères des membres permanents (Alaïa ne défile pas deux fois par an pour ses collections Haute Couture par exemple)
- Les membres invités, catégorie qui existe depuis 1998 dont l'objectif est de promouvoir de nouvelles marques françaises et étrangères de luxe, permettant aux créateurs de s'exposer pendant une période propice. Ils peuvent également défiler en parallèle des grandes maisons dans des lieux moins connus. Cette année les maisons comme Guo Pei, Vêtements, Ralph & Russo ou encore Iris Van Herpen, ont détenu ce titre leur permettant de présenter leur collection couture en janvier 2017.

Deux questions ont été soulevées par Amy Verner, journaliste pour le Vogue Américain, mettant en doute l'impact de la haute couture. D'un coté, le fait plus qu'intriguant de la mise en vente de pièces Haute Couture sur le site internet de la maison Viktor & Rolf. Prix de la pièce : 20 000 €. La journaliste se questionne si la valeur d'exclusivité, la plus induite par la haute couture, n'est pas remise en question face au see-now-buy-now et l'engloutissement de la mode par internet. On remarque par ailleurs le mix osé du street wear 2.0 et de la couture au défilé d'Alexandre Vauthier (short en jean taille haute et haut bouffant asymétrique en soie avec une traine de 2 mètres, why not) qui permet une projection plus réelle de la couture dans la vie quotidienne. Mais on n'y est pas encore.
Enfin, la question du "Qu'est ce que je pourrais porter dans tout ça?!" lors du visionnage des collections, est un jeu amusant à faire nous indique t-elle. Parce qu'il est vrai que la déconnexion des pièces de la haute couture avec la réalité justifie le rêve qu'elle se veut de promouvoir. (L'article ICI)
La haute couture relève plus de l'art que de la mode. On vous laisse en profiter avec ces pièces remarquables dans les détails et le savoir-faire qui en découlent. On l'a bien compris, l'art de la Haute Couture, ce n'est pas à la portée de tout le monde et ne peut être pratiqué, par toutes les marques.
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