Pièce culte : Le smoking d’YSL, symbole d'une époque révolutionnaire
- Tiguidé
- 29 nov. 2016
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Dans les années 1960, époque de la quintessence de l’audace et de l'affirmation de soi, les femmes s’émancipent et s’imposent comme personnages de premier plan au sein de la société française. Cette époque marque aussi l’évolution de leur vestiaire : nouvelles matières, nouvelles longueurs, nouvelles couleurs et nouvelles coupes. Un jeune et sulfureux Yves Saint Laurent, accompagne ces dernières dans les moments les plus précieux de leur indépendance, à travers une mode singulière et révolutionnaire qu'il est le seul à faire. Façonné chez Christian Dior, il s'émancipe lui même et pose les premières briques de la fondation de l’empire que l’on connaît aujourd’hui en1961. On lui doit de nombreuses pièces iconiques qui traversent les générations : la saharienne, les robes à la transparente éloquente, la robe Mondrian, la caban… Une de ces créations en particulier a révolutionné la mode et les mœurs de ces jours et se conforma aux désirs d’indépendance féminins: le Smoking.
Création d’une nouvelle silhouette féminine et émancipation de la femme
Pièce portée à la base par les hommes aristocrates dans les fumoirs, la veste à velours baptisée « smoking » se démocratise après la guerre. Fumer devient pratique courante, tout comme le fait de porter un smoking lors des grandes réceptions et gala.
Il faudra cependant attendre jusqu'en 1966 pour que Yves Saint Laurent, alors âgé de 31 ans, change la donne. Lors de la présentation de sa collection haute couture automne hiver 1966, une silhouette se détache de la tendance pop colorée et va déchaîner la chronique par la suite: la silhouette n°262 mettant en valeur le tout premier smoking féminin défilant sur un podium haute couture. Le créateur prend le monde de la mode à contre pied lorsqu'il se positionne en acteur de premier plan dans ce qu'on appelle aujourd'hui la démocratisation du luxe. “A bas le Ritz, vive la rue!” crie YSL en 1965. Ce dernier se lance dans le prêt à porter, haut de gamme certes, mais plus accessibles aux classes moyenne et ouvrière. Il ouvre sa première boutique en 1966, quelques mois après le défilé du smoking.

Cependant, la société et particulièrement les hommes, n'est pas encore conditionnée à ce changement soudain et le rejet de certains conservateurs se fait ressentir. En 1967, Nan Kemper, une mondaine NewYorkaise porte le fameux smoking et se voit refuser l’entrée d’un grand restaurant par le maitre d’hôtel offusqué par sa tenue. Les femmes persistent et voit dans le smoking une “volonté à visée sociale, un véritable engagement”. De nombreuses célébrités comme Françoise Hardy ou encore Catherine Deneuve, s’empressent de porter cette pièce synonyme de revendication féministe et en deviennent son égérie.
« Chanel a libéré la femme, Yves Saint Laurent leur a donné du pouvoir » - Pierre Bergé.

Un pantalon droit et court en grain de poudre noir, une veste à quatre poche boutonnée, une chemise d’organdi blanc à jabot ceinturé d’un ruban en soie noire et ornée d’une lavallière, des bottines noires. Lors de sa première représentation le smoking était présenté comme une tenue du soir. Au fur et à mesure du temps, il devient une pièce indispensable au vestiaire quotidien des femmes.
Durant ses 40 ans à la tête de la direction artistique de sa maison de couture, YSL présenta près de 200 déclinaisons de son smoking qu’il affirmait être en 1981, sa pièce favorite.
Après sa démission, Alber Elbaz, Tom Ford, Stefano Pillati, Heidi Slimane et maintenant Anthony Vaccarello, ont décliné cette pièce iconique en apportant leurs touches personnels tout en maintenant les codes spécifiques à la pièce : un smoking se doit d’être sexy et audacieux.
Le smoking est toujours à l'ordre du jour avec des interprétations colorées, boyish, sexys... et on ne s'en lassera pas !

Toutes les femmes de la vie de YSL présentes et habillées en Smoking lors du défilé de fin de carrière du défilé
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